Retour de Namoroka à la capitale en passant par Mahajanga et Ankarafantsika
Samedi 14 août :
C’est la fin du camp spéléo. Nous plions les affaires et nous partons à pied pour Vilanandro un peu avant 9 h. Nous sommes rendus sur place à 11 h. Ils ont essayé de creuser un puits dans le village mais ils sont tombés sur le socle calcaire avant d’avoir atteint l’eau. Nous prenons une bière glacée avec le médecin du centre de santé (merci le congélateur des vaccins) pendant que l’équipe malgache part à la recherche d’une charrette à zébu. Ce n’est point chose facile car la majorité d’entre elles sont parties pour Ambalakinina, le grand marché régional qui se tient ces jours à une vingtaine de kilomètres. On nous avait aussi annoncé un bal le soir à Vilanandro mais aucun préparatif n’est visible. L’information était fausse. Finalement, on nous trouve une charrette avec deux gamins pour la conduire. Nous payons la maman et après les derniers réglages, nous décollons à 16 h. Ça roule bien au début. Après quelques kilomètres, alors que le jour décline, je décide de marcher devant la charrette, histoire de l’alléger. Je marche ainsi jusqu’à ce que la nuit soit trop sombre pour pouvoir marcher sans éclairage. Après la plaine, nous attaquons les collines du zébu qui n’avance pas. De nouveau, je marche en avant de la charrette, en profitant du clair de lune. Les zébus rament tant qu’ils peuvent dans la côte sableuse. La conduite des gamins n’est pas très précise. Les zébus vont régulièrement dans un talus ou l’autre. Nous mettons 1 h 30 pour franchir les 60 mètres de montée étalés sur 2 km. Après la descente, je retourne sur la charrette, cette fois de façon définitive.
Dimanche 15 août :
Après les collines, voici la forêt puis les zones humides. Ensuite, nous retrouvons le sable pour les derniers vallonnements. Enfin, nous entendons au loin les groupes électrogènes d’Aquamas (élevage de crevettes), signe de l’arrivée. À 5 h, le pilote gare la charrette dans un pré en amont de la mangrove. Nous faisons semblant d’essayer de dormir entre le ronronnement des groupes, le chant des coqs et le vrombissement des moustiques. À 6 h, nous devons insister bruyamment pour que les gamins reprennent la charrette et nous amènent jusqu’au terminus, à un bon kilomètre. De là, nous traversons en barque pour rejoindre Soalala. Au bureau de MNP, on nous trouve Haja, la chef de secteur. Nous effectuons une restitution de nos découvertes. Nous allons prendre une bière au bar du port. Le bar est en cours de modernisation. Nous évaluons le stock de bière dans l’arrière boutique à 15.000.000 FMG (soit 1000 €). À 11 h, avec la mise en route de l’électricité, ils passent un film. L’innovation de l’année, c’est l’apparition de films doublés en malgache. Ils arrivent même à doubler les films muets. En l’occurrence, il s’agit des Temps Modernes de Charlie Chaplin. Pour la suite du voyage, on nous trouve un taxi-brousse qui doit passer prendre nos bagages à 13 h 30 pour un départ à 14 h. En pratique, c’est plutôt un départ à 16 h. C’est un pick-up Nissan transformé en bâché. Nous sommes à l’arrière, sur des banquettes en bois installées en longueur. La piste est en travaux, ce qui fait qu’elle est plutôt en amélioration. Par exemple, la descente en zigzag à une vingtaine de kilomètres de Soalala passe bien sans cailloux. Par contre, il reste encore une section qui, sans être bien mauvaise, comporte de la caillasse apparente et qui fait mal aux fesses. À 19 h, nous arrivons à Mitsinjo pour la pause repas. Alors que nous revenons du repas, nous croisons le chauffeur et le mécanicien qui partent seulement pour manger, pensions-nous. En pratique, ils partaient se torcher la gueule. Nous attendons. Les autres passagers commencent à s’installer pour dormir sur des nattes devant le restaurant où est arrêté le taxi-brousse. Je fais de même alors que Nicolas tente le siège passager.
Lundi 16 août :
Je suis réveillé par le froid vers 2 h du matin alors que Nicolas a médiocrement dormi sur le siège. Ça tombe bien, nous reprenons la route à 2 h 30. Ça roule bien mais à 4 h 45, c’est le drame. Il y a le feu sous le véhicule. Évacuation d’urgence. Plus de peur que de mal. De l’eau et un peu de sable permettent d’arrêter l’incendie. Il faut dire qu’il y a une fuite au réservoir de gasoil depuis le départ et que la roue juste à côté a ses roulements complètement grippés, ce qui a dû faire des étincelles. C’est parti pour une heure de réparations sur la roue. Pendant ce temps là, les malgaches se font un feu pour se réchauffer. Pour ça, ils font brûler des branches sèches de palmier. Comme ils font ça là où ils ont trouvé les branches c’est-à-dire sous l’arbre, ils manquent de peu de le faire cramer. En plus, la palme sèche, ça flambe vite mais ça fait peu de braises. Les autres taxis-brousse partis de Mitsinjo nous dépassent. Alors que l’horizon blanchit, je m’allonge à côté du feu et commence à m’endormir. C’est alors qu’il faut repartir. Nous montons dans le véhicule mais rien. Le chauffeur demande quelque chose aux autres véhicules mais sans succès. Nous redescendons progressivement du taxi-brousse. Je retente de dormir dans l’herbe au bord de la piste. Je manque de me faire écraser par une charrette à zébu et en plus, c’est le départ, le précieux fluide (embrayage ?) ayant été récupéré. Il est 6 h 45 et il fait maintenant pleinement jour. Nous terminons la vingtaine de kilomètres jusqu’à Katsepy. 16 heures au lieu de 6 pour ce parcours : on a vu mieux. Au moins, nous n’attendons pas beaucoup pour prendre le bac. Débarquement à Majunga. Nous nous installons à l’hôtel. Douche. Rasage difficile. Restaurant à midi. Sieste tout l’après-midi. Sauvegarde des données topographiques par internet. Quelques brochettes de zébu le soir et gros dodo de nouveau.
Mardi 17 août :
Le matin, promenade cartographique sur le bord de mer, le port aux boutres et Majunga-Be. Ensuite, je vais faire un tour à l’office régional du tourisme me renseigner pour la suite de mon voyage. À midi, repas dans un restaurant malgache. Nouvelle sieste. Le soir, brochettes en bord de mer.
Mercredi 18 août :
Promenade en taxi spécial au Lac Sacré (Mangatsa). Il y a plusieurs kilomètres de piste sableuse entrecoupée de passages caillouteux pour y parvenir. De lac, on est plus du côté de l’étang que de la vaste étendue lacustre. On commence par jeter quelques morceaux de pain pour appâter le poisson. On continue avec les morceaux de steak de zébu pour attirer ceux qui sont carnivores. Ensuite, on quitte le lac et on se déplace un peu plus loin. On reprend le pain pour faire venir les makis. Enfin, on termine avec l’enclos à crocodile où on envoie aussi du pain pour qu’ils se bougent. C’est beau la nature sauvage. Heureusement, on peut se refaire une santé au restaurant du coin.
Nicolas part pour Tana en fin de journée. Le soir, repas au Sud. La cuisine y est toujours de qualité et le service aussi lent.
Jeudi 19 août :
Départ le matin en taxi-brousse pour le Parc d’Ankarafantsika. J’y suis rendu en fin de matinée. J’enchaîne par une excursion double entre la forêt et le grand canyon. S’agissant de la forêt, c’est peut-être la plus grande forêt sèche tropicale restante au monde mais après dix jours à Namoroka, j’en apprécie moyennement le charme. En plus c’est un peu trop tard et les animaux sont léthargiques en attendant que la chaleur passe. Le Grand Canyon est plus intéressant. C’est un énorme lavaka (ravin d’érosion typique de Madagascar). Vue d’en haut puis de l’intérieur. Le soir, ballade nocturne à la recherche de microcébus dont les yeux brillent dans la nuit. Nous nous faisons alors rattraper par la pluie. Elle ne dure pas trop longtemps mais quand même.
Vendredi 20 août :
Réveil assez matinal après une nuit pas fraîche sous la tente. Petit déjeuner avec crêpes au chocolat. Ensuite, c’est l’attente du taxi-brousse. On devait se recontacter par téléphone mais comme il n’y a pas de réseau pour mon opérateur, on s’en passe. J’estime que le taxi-brousse doit arriver vers 9 h 30. Ça me laisse largement le temps d’admirer la famille de Sifaka de Coquerel qui se ballade dans les arbres du camping. Le taxi-brousse arrive à 9 h 45. Ce n’est pas la compagnie prévue mais il y a bien la place que j’ai réservée derrière le chauffeur. Le véhicule est plutôt de meilleure qualité que la moyenne avec en plus des jantes larges. Et le chauffeur en abuse. Il roule et dépasse comme un taré. Vitesse max 120 km/h quand la réglementation prévoit qu’il ne doit pas dépasser les 75 km/h. Pause repas à midi à Maevatanana. Nous arrivons à Tana à la nuit tombante. Nous perdons une heure dans les embouteillages. Direction l’hôtel. Repas chez Sucett. Un verre au Manson.
Samedi 21 août :
Je rends visite à un honorable correspondant osm, Olivier, un français établit à Madagascar. Repas du soir au KuDéTa qui ne connaît pas la crise.
Il est temps de prendre la route du Sud, la RN 7.