Mon premier voyage en routard durant l’été 93.
Voyage réalisé en train et bateau, à deux avec Ami, une chinoise de Hongkong rencontrée lors du précédent voyage au Maroc.
27 juin 1993 : Nous partons de Chambéry en train pour l’Italie. Après un changement à Turin, nous arrivons à Milan. Nous montons regarder le paysage depuis le toit de la cathédrale. C’est à peu près tout ce qu’il y a voir à Milan.
28 juin : Nous reprenons le train pour Venise et là, je suis d’accord avec Marco Polo, c’est bien la ville la plus extraordinaire que je n’ai jamais vue au monde. Les millions de touristes ne changent rien au charme de cette ville hors du commun. Nous trouvons un hôtel qui, pour 100.000 lires, nous propose une chambre. Nous visitons la ville à pied ou en vaporeti. Le soir, tout est très calme et les passants se font rares.
29 juin : Après exactement 24h, nous quittons déjà Venise pour Florence. Le premier jour, nous nous contentons de nous promener dans la ville qui est assez agréable. Sur le pont Vecchio, Ami étale tout son talent de diamantaire en étudiant les vitrines des bijoutiers.
30 juin : Le matin, nous effectuons un aller-retour en train à Pise. La "torre pendante" est bien penchée, même tellement qu’il n’est plus possible de la visiter. L’après-midi, de retour à Florence, nous visitons la Galerie des Offices. Il y a une heure de queue pour rentrer. Le prix, de 30 Fr., est équivalent à celui du Louvre mais avec dix fois moins de choses à voir. Malgré quelques œuvres intéressantes, l’ensemble est décevant, d’autant plus qu’une partie est fermée suite à un attentat. Le soir, nous faisons une petite promenade sur les hauteurs de la ville, le coup d’œil est agréable.
1er juillet : Nous partons pour Rome, la ville éternelle. Entre les restes de l’empire romain et le Vatican, que de choses à voir. Sur la place Saint-Pierre, je peux faire des photos sans être dérangé par les touristes, non pas qu’ils soient absents, mais ils sont tellement petits par rapport à la basilique qu’on ne les voient pas. Nous faisons un petit tour à l’intérieur de cette dernière puis au sommet de sa coupole. Ensuite, nous visitons le musée du Vatican et la Chapelle Sixtine au pas de course avant la fermeture. Il faudrait consacrer beaucoup plus de deux heures à un pareil lieu. Le soir, nous nous installons au dessus de la Place du Peuple pour regarder les lumières de Rome.
2 juillet : Petite escapade vers Tivoli, un village blotti dans les montagnes en arrière de Rome. Nous visitons la Villa d’Este et ces multiple jets d’eau. De retour à Rome dans l’après midi, nous finissons d’explorer le mont Palatin. Nous passons aussi voir la fontaine de Trévi mais sans nous baigner dedans. Le soir, nous prenons un train couchette pour Brindisi.
3 juillet : Après un changement à Bari et 10 heures de train, nous arrivons à Brindisi. Nous trouvons un ferry qui nous amène sur l’île de Corfou dans la journée. Nous nous installons dans un petit hôtel. Dans le centre-ville, l’ambiance est décontractée et nous sommes beaucoup plus tranquilles qu’en Italie.
4 juillet : Nous allons dans le nord de l’île pour visiter le monastère de Paleokastritsa mais il y a une confusion et nous trouvons pas le bon monastère. C’est n’est pas bien grave car l’eau de la Méditerranée est limpide et il y a une plage où nous passons la fin de la journée.
5 juillet : Nous reprenons le bateau pour Patras, dans le Péloponnèse. Nous rencontrons une slovène, Petra, et deux suisses avec qui nous poursuivons notre voyage. Après le ferry, nous testons les trains grecs jusqu’à Pirgos. Là, il n’y a plus de correspondance pour Olympie. Après négociation, nous prenons un taxi à cinq pour les vingt kilomètres restants (2000 dr). Nous installons notre campement à la belle étoile en bordure du village. Je n’ai qu’un sac à viande et un pull mais la nuit est suffisamment chaude. Par contre, à partir de une heure du matin, les coqs se mettent à se répondre d’un côté à l’autre de vallée.
6 juillet : Nous visitons le site dans la fraîcheur du matin. Les restes d’importantes colonnes ont été jetés à terre par un tremblement de terre. Nous reprenons le train jusqu’à Kyparissia. Nous nous installons sur la plage où nous nous baignons et jouons au volley avant d’y dormir.
7 juillet : Nous traversons l’intérieur du Péloponnèse en train. La voie unique est étroite et sinueuse. Lorsque nous devons croiser un autre train, un mécanicien descend du train pour manœuvré manuellement les aiguillages. Nous descendons à la gare de Mili, la plus proche (200 m) de la mer sur la ligne. Nous dormons sur la plage et ses galets.
8 juillet : Nous allons, d’abord en train puis à pied pour les deux derniers kilomètres, à Mycènes. De cette cité, aujourd’hui en ruine, est partie la guerre de Troie, il y a à peu près 3600 ans. D’un style très différent des classiques grecs, les ouvrages sont faits de pierres brutes juxtaposées. Nous nous faisons du stop pour Nauplie et nous parvenons à nous faire embarquer tous les cinq dans un seul véhicule avant l’unique orage de notre voyage. En bus, nous rejoignons la plage d’Epidaure et nous y passons la nuit.
9 juillet : Le matin, nous quittons les deux suisses. Nous visitons le théâtre d’Epidaure qui est encore en bonne état. Nous continuons sur Corinthe. Nous regardons un bateau passer dans le canal. Nous allons aussi voir le site archéologique du coin avant de s’installer dans un hôtel de la ville.
10 juillet : Ami nous quitte temporairement pour aller voir un spectacle à Epidaure tandis que nous continuons sur Athènes en train. Nous nous installons dans un hôtel à proximité de la gare. Une petite visite du centre-ville nous montre qu’il n’y a pas grand chose à voir à Athènes.
11 juillet : Nous récupérons Ami à la gare. Nous descendons ensuite au Pirée où Petra nous quitte et part en bateau pour les îles afin de rejoindre son copain. Le soir, nous allons regarder le coucher du soleil depuis le mont Licabette. Il est indéniable que le fond de l’air est pollué.
12 juillet : Nous visitons l’Acropole, l’Agora et le quartier touristique de Plaka. C’est à peu près tout ce qu’il y a à voir à Athènes. Le soir, nous embarquons pour les Cyclades en commençant par Santorin.
13 juillet : Nous arrivons dans la nuit. Nous trouvons un bus qui nous emmène à la plage de Perissa au sud de l’île. Nous attendons le lever du soleil. Nous découvrons que nous sommes sur une plage de sable noir. Celle ci est surplombée d’une falaise d’un côté alors qu’elle s’étend à perte de vue à l’opposée. Nous passons notre journée à cet endroit à bronzer et à nous baigner.
Si la plage elle-même est constituée d’un sable volcanique grossier, par contre, à peine nous rentrons dans l’eau, le fond de la mer est fait d’une roche vive polie. La profondeur y est constante, de 1 mètre, jusqu’à une cinquantaine de mètre de rivage où le fond plonge brusquement pour laisser place au grand bleu. Nouvelle nuit sur la plage.
14 juillet : Nous prenons une excursion en caïque, des petits bateaux locaux d’une trentaine de place, pour visiter. Nous découvrons le spectacle géologique exceptionnel de Santorin. Nous avons à faire à un immense cratère d’une dizaine de kilomètre de diamètre. A l’origine, il n’y avait qu’une seule île qui culminait à plus de 1000 m d’altitude. Aux environs de 1490 avant JC, une éruption a pulvérisé l’ensemble. En Crète, à 100 km de distance, le raz de marée ainsi créé projeta les bateaux amarrés à 10 km à l’intérieur des terres, le séisme correspondant détruisit tous les temples et la pierre ponce émise recouvrit la mer et empêcha la navigation pendant plusieurs mois. Aujourd’hui, il reste les bords du cratère, en pente douce vers l’extérieur, en falaise de 200 m de hauteur vers l’intérieur. L’île de Santorin représente la moitié de la circonférence. Therasia correspond à un tiers, le reste ayant disparu et permettant à la mer d’envahir l’intérieur de la caldeira. L’excursion nous emmène d’abord sur un îlot situé à peu près au centre du cratère. Une petite promenade à pied nous permet de découvrir des sorties de gaz chauds avec quelques dépôts de soufre. Ensuite, sur un îlot voisin, nous allons nous baigner dans une source chaude qui sort directement dans la mer. Nous mangeons sur l’île de Therasia avant de retourner à Thera, la ville principale de Santorin. Nous nous promenons un peu avant de prendre un ferry pour Paros où nous arrivons le soir. Nous trouvons une chambre chez l’habitant un peu en arrière de Parikia.
15 juillet : Nous visitons les ruelles de Parikia avant d’aller faire un tour en bus à Lefkes, petit village à l’intérieur des terres. Ici, le marbre est le matériau de construction de base. Même les murets sont en marbre comme le sol de la chambre et de la salle de bain où nous logeons. C’est normal, l’île est réputée pour ça. La Vénus de Milo et la Victoire de Samothrace, que vous pouvez voir au musée du Louvre, sont faites de son marbre. Nous allons ensuite à Naoussa, port typique du Nord de l’île.
16 juillet : Journée baignade, nous retournons à Naoussa prendre un bateau qui nous emmène sur une plage de l’autre côté de la baie. La plage est constituée de gros blocs de pierre aux formes torturées, fruits de l’érosion.
17 juillet : Nous prenons un ferry pour Mykonos. L’île est très touristique. La chaux sur les murs des maisons doit être passée au moins deux fois par jours. Il y a aussi des tas de pélicans qui se promènent dans les rues. Ils se laissent facilement photographier mais si on s’approche trop, ils essaient quand même de donner des coups de bec. Au passage, nous recroisons Petra, la slovène, avec son copain. Nous pensions reprendre un ferry de suite pour continuer sur une autre île mais il n’y a pas de correspondance ce jour là. Nous allons bivouaquer dans un coin tranquille de la plage pour ne pas être dérangés.
18 juillet : De bon matin, nous prenons un bateau pour Tinos. Cette île est beaucoup moins touristique que les précédentes. Nous trouvons un logement dans la ville de débarquement. Nous testons la plage d’à côté. Elle n’est pas très charmante mais elle a l’avantage d’être facilement accessible. Nous finissons la journée en déambulant dans les ruelles en pente de la ville.
19 juillet : Nous prenons un bus pour rejoindre une plage quelques kilomètres à l’est de la ville. L’endroit est très rocheux. Il n’y a pas énormément de monde et nous trouvons un coin tranquille pour nous installer. L’eau est toujours très claire. Par contre, le vent est très intense et il nous projette de l’eau au visage dès que nous nageons un peu à l’extérieur de la crique. Dans l’après-midi, nous revenons en ville avec le mini-bus d’un des hôtels du coin.
20 juillet : Nous quittons définitivement les îles. A peine arrivés au Pirée, nous prenons un train pour le nord de la Grèce. Il nous dépose à Livadia. Là, il n’y a plus de bus pour Delphe. Nous essayons le stop mais sans succès. En attendant le bus du lendemain, nous dormons dans un parc de la ville. Nous sommes d’abord dérangés par le bruit des terrasses de bar voisines. Ensuite, un petit animal vient farfouiller dans nos affaires et insiste longuement.
21 juillet : Au petit matin, nous trouvons le bus pour Delphe. Nous pouvons visiter le site à la fraîche et monter jusqu’au stade sans souffrir de la chaleur. A 10 h, nous sommes de retour en bas pour aller jeter un coup d’œil au musée. Ensuite, en stop, nous descendons à Itéa, la plage la plus proche, qui donne sur le golfe de Corinthe. Dans l’après-midi, nous décidons de rentrer en France. Le bus direct pour Patras par le bac de Andirio vient de partir. Nous partons donc dans l’autre sens. Un premier bus nous ramène en 2 heures à Livadia où nous attrapons un train en retard. Nous parvenons à Athènes 3 heures plus tard, autour de minuit. Il n’est pas possible de dormir dans la gare du Pirée. Aussi, avec d’autres touristes, nous nous installons sur le bancs en face de la gare.
22 juillet : Après une courte nuit, nous prenons un train vers 6 heures du matin. Celui-ci prend un retard très important. Nous nous faisons même dépasser par le train suivant. Il nous faudra 7 h pour rallier Patras qui n’est qu’à 230 km. Dans l’après-midi, nous trouvons un bateau pour l’Italie. Durant la nuit, il y a du vent et faute de sac de couchage, j’ai froid sur le pont et je n’arrive pas à dormir.
23 juillet : Nous arrivons en fin de matinée à Brindisi après 18h30 de traversée. Je commence à être très fatigué et j’ai l’impression que le sol tangue. En fin d’après-midi, nous prenons un train direct pour Turin. Nous nous installons dans un compartiment. Les banquettes sont mobiles et deviennent jointives alors que les dossiers s’abaissent au niveau de ces dernières. Ceci permet de constituer un couchage agréable et comme nous n’avons à le partager qu’avec deux italiennes, nous avons de la place. Cette nuit là, je dors bien.
24 juillet : Après 14 heures de trains, nous changeons à Turin P.N. et nous terminons jusqu’à Chambéry en 3 heures.
Au total, 60 heures de train et 66 heures de bateau sur l’ensemble du voyage.