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Expédition spéléo Malagasy 2008

Expédition spéléo Malagasy 2008 dans les Tsingy de Namoroka

Mis en ligne le 18/11/2008
Madagascar 2008

Après plusieurs jours d’approche, nous voilà à peu près sur le terrain, dans le Parc Naturel de Namoroka.

Mardi 22 juillet :
Le coq nous réveille une première fois à l’aube et une seconde fois au lever du soleil. Il y a une légère rosée. Petit déjeuner. Tantely n’est pas en forme. Nous lui donnons un doliprane. Nous partons à la recherche de l’emplacement définitif du camp. Nous commençons par aller à un plan d’eau indiqué sur les cartes et visible sur la vue aérienne même si on nous assure que tous les plans d’eau de la zone sont à sec en cette période de l’année. Mais grâce au GPS, nous tombons sur un plan d’eau bien réel et fort joli. Je manque d’ailleurs de me vautrer dedans avec l’appareil photo en m’approchant du bord. Je mouille juste mes chaussures. Le site ne semble pas fréquenté par les zébus qui ne doivent pas aimer la brousse environnante, trop haute et trop sèche pour être mangeable. Par contre il y a des traces de sanglier. Le lac est à un kilomètre du bivouac de la nuit d’avant. Nous continuons en directions des tsingy. Nous commençons par traverser une zone d’épineux avant d’arriver dans une zone qui semble plus prometteuse. Tantely va de plus en plus mal. Il vomit son petit déjeuner. Morila a du mal à tailler le chemin car il n’a pas de masobe (coupe-coupe) cette année. Par contre, il a des chaussures au lieu des tongs. Nous trouvons un premier départ de grotte vite fermé (NA20). À côté, nous trouvons une autre grotte avec plusieurs départs (NA21). Nous décidons que la zone est intéressante et faisons demi-tour pour s’occuper du camp. En chemin, en suivant un lit de rivière à sec, Nicolas trouve une autre grotte (NA22). Retour au bivouac. En nous chargeant bien, nous arrivons à tout emporter en un seul voyage. À 11 h, nous y sommes enfin. Installation rapide au bord du lac. Nous sommes à 36 km de Soalala à vol d’oiseau et 360 km de Tana. Tantely rentre chez lui se soigner. Repas. Les malgaches restant taillent un palmier pour utiliser le cœur comme assaisonnement du riz. Morila a pris une hache à défaut de masobe. Nous demandons à Justin de nous préparer un poulet pour le soir. Il faut lui fournir le couteau car il n’en n’a pas. Nous repartons pour NA22. Nous attaquons la topographie. Au début, il y a un axe principal avec quelques départs latéraux. Puis ça se complique un peu avec des niveaux supérieurs et aussi des plans d’eau à un niveau plus bas. Nous craignons d’être bloqués dans nos explorations par un niveau phréatique. En fin de journée, nous terminons par une sortie sur le toit des tsingy où nous assistons au coucher du soleil. Retour à l’entrée de la grotte. Nicolas s’entaille le dos de la main en sortant d’une escalade. Traversée de la forêt et des épineux de nuit. Sur la fin, nous perdons le chemin et c’est un peu galère. Au camp, nous mangeons notre poulet bio élevé au grand air à 1 €. Bananes flambées au rhum en désert. Dodo.
TPST : 5 h. Première : 456 m.

Plan d’eau du campement

Mercredi 23 juillet :

Tronc/racine dans une galerie

Le coq ne chante le clairon que pour le lever du soleil. Nous peaufinons l’installation du camp avec entre autre le chargeur solaire. Puis nous repartons pour la grotte de la veille. Sur le chemin d’accès, nous observons un caméléon dans les épineux. Dans la grotte, par rapport à l’axe sud-nord de la galerie d’entrée, nous continuons à topographier les galeries partant à droite, vers l’est et tendant à ressortir du massif. Nous bouclons la zone et y prenons le repas de midi avant de reprendre la galerie principale.

Lever de lune sur le camp

Elle ne va pas non plus très loin et débouche dans une partie de tsingy effondrés. Nous en profitons pour prendre un point GPS (NA24). Ensuite, en empruntant un passage vers l’ouest, nous repartons vers le nord. Nous arrivons dans un important porche. Dans sa partie supérieure, il y a trois foyers anciens. De là une première galerie repart vers le sud. Nous arrivons dans une zone vraiment profonde des tsingy avec de nombreux départ. Par contre, nos craintes concernant un éventuel blocage par l’eau ne se confirment pas de se côté là. Vue l’heure avancée, nous nous contentons de topographier un seul axe, celui qui est éclairé par le soleil situé dans l’alignement. Nous arrêtons la topographie. La suite se transforme en canyon forestier avec de nombreux départs de galeries sur les côtés. Nous prenons un nouveau point GPS (NA25). Retour vers la sortie et arrivée au camp au coucher du soleil.
TPST : 8 h. Première : 932 m.

Jeudi 24 juillet :

Topographie dans une galerie basse

Lever tranquille. Derniers aménagements du camp : nous amenons quelques pierres pour faire une table et des chaises. Départ tranquille. Nous rentrons sous terre toujours au même endroit vers 9 h. Nous décidons de retourner dans la zone entrevue en fin de séance la veille mais chemin faisant, juste avant un passage bas inconfortable, nous découvrons un départ que nous n’avions pas vu. Nous partons dedans et ça barre bien. Après quelques carrefours, une galerie nous ramène vers l’extérieur. Un dernier ressaut dans la terre et les racines nous permet de ressortir. Nous prenons un point GPS (NA26). C’est à quelques dizaines de mètres de l’entrée principale. Nous retournons sous terre et continuons la topographie. Pause repas au pied d’une zone d’effondrement. Après le repas, nous partons dans une petite galerie pas très haute et bien sinueuse. À sa sortie, nous pensions rejonctionner avec les galeries du matin mais il n’en est rien. Nous tournons encore dans la zone. Nous terminons à la base d’une zone effondrée. Une rapide reconnaissance dans la suite montre que ça ne va pas permettre de ressortir facilement dehors mais promet plutôt de bonnes premières. Nous ressortons en revenant sur nos pas sauf sur la fin où nous utilisons la nouvelle entrée (NA26). Dehors, Morila nous taille un chemin jusqu’à l’entrée principale. En revenant dans la forêt, nous surprenons une colonie de lémuriens et un sanglier. Il y a aussi de jolies lumières orangées sur les baobabs avec les derniers rayons du soleil. Le ciel se couvre ensuite. Au camp, Tantely est de retour, accompagné d’un porteur Batry. Celui-ci doit remplacer Justin qui a mieux à faire que rester ses journées à nous attendre au camp.
TPST : 8 h. Première : 1108 m.

Aurore sur les baobobs derrière le camp

Vendredi 25 juillet :
Réveil matinal. Nous payons Justin qui s’en va. Départ du camp à 8 h 05. Nous entrons dans le réseau par la nouvelle entrée (NA22). Nous reprenons la topographie dans l’axe de cette galerie, ce qui nous permet de jonctionner avec la fin de l’avant veille. Ça nous fait aussi un bloc à l’intérieur duquel il ne doit plus rester grand chose à topographier, ayant en plus exploré quelques petites galeries. Ensuite, nous retournons au terminus de la veille. Nous continuons par une vaste galerie concrétionnée qui file vers le nord. Elle finit par ressortir (NA27). Juste à côté, à l’est, il y a un autre porche (NA28) que nous n’explorons pas. Nous retournons dans la galerie et explorons les départs qui partent vers l’ouest. L’un d’eux donne dans une zone avec des surcreusements difficilement pénétrables nous obligeant régulièrement à progresser en opposition dans les hauteurs. Il y a aussi des colonies de chauve-souris, dont hipposideros commersoni, espèce déjà observée en extérieur dans le parc lors d’une campagne de recensement en 2004.

Cuisine au camp
Équipe malgache

Nous notons aussi dans la zone des nodules ferreux et à plusieurs endroits, un sable grossier fait des mêmes nodules. À la faveur d’un canyon, nous faisons la pause repas. Ensuite, nous partons vers le nord en explorant les départs à l’est pour essayer de retomber sur des parties déjà connues mais c’est un échec. À 17 h passées, nous décidons de faire demi-tour. Nous sommes à l’entrée de NA27 à 17 h 30. De là, nous essayons de retrouver le chemin d’accès à NA21. Ce n’est pas un grand succès mais nous finissons quand même par nous y retrouver. Au camp, nous constatons tout de suite l’efficacité de Batry, le premier sakalava de l’expédition. La vaisselle n’est pas faite. Pour l’eau, il plonge directement le seau dans la vase plutôt que d’écoper délicatement en surface. Et enfin, alors que nous n’avons pas fini de cuisiner, il va se coucher sans entretenir le feu.
TPST : 9 h. Première : 1343 m.

Samedi 26 juillet :

Poterie dans une entrée de grotte

Batry se fait une omelette avec des œufs de canard sauvage qu’il a trouvé dans le coin. Départ tranquille vers l’entrée NA27. Nous avons décidé de balayer les départs entre NA27 et NA26 afin de terminer le bloc correspondant. Donc, nous rentrons dans NA27 et allons jusqu’au terminus de l’avant-veille. Nous prenons d’abord un départ vers le sud-est, ce qui finit par nous ramener vers l’extérieur au point NA30, entre NA21 et NA27. Il y a aussi des chauves-souris dans cette zone mais en individus isolés et non en colonies. En passant par des conduits latéraux, nous atteignons aussi NA28 et NA21 qui n’avaient pas encore été explorés. Dans un passage entre NA30 et NA28, il y a une concentration de nids de guêpes. Après avoir bouclé la zone, nous cassons la croûte dans l’entrée de NA27. Ensuite, nous reprenons un point laissé le matin. De proche en proche, nous rejonctionnons avec d’autres départs restants à explorer dans la zone. Finalement, nous bouclons toute la zone. Un autre départ en dehors du bloc précédent nous fait jonctionner avec une boucle dont nous avons du mal à comprendre le cheminement. Pour terminer la journée, nous partons dans une galerie à l’opposé du matin. Nous ne tardons pas atteindre la zone terminale de la veille, fournissant un raccourci intéressant. Nous arrêtons la topographie et ressortons. Le soir, Tantely et Morila retournent à Vilanandro se ravitailler. Nous les chargeons aussi de nous faire quelques courses. Avec le cuisinier, ça s’améliore. Non seulement la vaisselle est correctement dégraissée à l’intérieur mais l’extérieur est aussi lavé du noir du feu. Ciel dégagé au coucher du soleil.
TPST : 7 h 30. Première : 1138 m.

Dimanche 27 juillet :
De bon matin, Batry va nous remplir un bidon d’eau à Kapiloza sans que nous ne lui demandions quoi que ce soit. On va arriver à en faire quelque chose de ce gars là. Il reste juste sa radio à laquelle il est scotché sans arrêt pour entendre quelques bribes de son par intermittence. Nous partons sans Tantely et Morila qui ne peuvent arriver que plus tard à cause de l’heure d’arrivée de l’épicerie ambulante. Nous commençons par une séance photo dans la grande galerie de NA27.

Concrétions en travers de la galerie
Concrétionnement
Micro-gours

En utilisant le shunt de la veille, nous retournons à la zone terminale de l’avant-veille. Ça boucle et reboucle un peu dans tous les sens. Au passage, nous prélevons au point H9 du sable grossier couleur rouille pour une éventuelle analyse ultérieure.

Effondrement à l’intérieur du réseau

Nous parvenons dans une grande galerie qui a aussi sa colonie de nids de guêpes. Nous mangeons un peu plus loin, là où elle débouche dans un canyon forestier. Après le repas, un point GPS nous montre que nous avons rejonctionné avec NA25, le terminus du second jour. Nous quadrillons la zone en topographie. C’est la fin du premier carnet topographique de 100 pages. Un dernier passage supérieur nous fait établir une nouvelle jonction, qui nous ramène rapidement au bout de la galerie de NA27. Là, nous retrouvons Morila et Tantely qui nous attendent, faute de nous avoir retrouvés. En plus, Morila n’avait ni frontale, ni chaussures. Nous ressortons par NA30 pour faire quelques photos. Au camp, Justin est de retour car finalement, son patron a utilisé la charrette pour autre chose. Tantely nous a ramené quelques courses :
- 5 œufs de canards à 1500 FMG pièces
- 2 bouteille de rhum cartes noir à 30000 FMG
- 2 bières thb : 12500 FMG/pièce
- 1 canard : 35000 FMG
Il fait de plus en plus chaud. Nous ne nous en rendons pas trop compte la journée, si ce n’est que la douche solaire est meilleure. Par contre, la nuit, la fraîcheur se fait plus rare.
TPST : 9 h. Première : 985 m.

Lundi 28 juillet :
Ce matin, c’est le canard qui remplace le coq pour le réveil. Il faut dire que ce dernier n’a plus de poules à impressionner. Nous pénétrons dans le réseau par l’entrée historique (NA22). Nous topographions tous les départs sur la gauche que nous n’avions pas explorés au début. Il y a surtout des petits bouts sans suite mais aussi une jonction. Nous terminons encore quelques morceaux manquants un peu plus loin. Ensuite, nous allons au fond, dans la zone de terminus du second jour (NA25). Nous topographions tout ce qui part à droite.

Zone de porches

Nous mangeons aussi dans la zone. Nous ne sommes d’ailleurs pas les premiers à utiliser ce porche car il y a des restes de maïs. Quand nous avons fini le secteur, nous ressortons dans un canyon forestier qui redonne globalement dans celui de NA25. Les tsingy et les grottes sont terminés. On est maintenant dans une zone fortement érodée où il ne reste plus que quelques blocs de calcaire sous forme de pitons, à la limite du ruiniforme. Il y a aussi un plan d’eau avec de nombreuses traces de sangliers. Après la partie droite, nous attaquons à gauche des départs vus la veille. Nous trouvons un squelette de sanglier dans un point bas. À voir sa dentition, ce devait être une belle bête. Ensuite, nous retombons sur un des départs du 25 juillet. Enfin, nous allons voir une galerie qui nous tend les bras en face. C’est la galerie de trop, avec des départs dans tous les sens. Nous décidons d’arrêter les frais pour ce jour. Nous mettons les malgaches devant et nous leur demandons de trouver le chemin de la sortie. On ne peut pas dire que ce soit un grand succès mais en un quart d’heure, nous sommes dehors à NA26. Au camp, suite au recadrage du matin, Batry a fait un nouveau trou d’eau au bord de l’étang, loin du précédent, ce qui permet aux malgaches de se laver à un autre endroit que là où on prélève l’eau pour la cuisine. Omelette le soir. Au moment de se coucher, la tente comporte une faune non négligeable : moustiques, araignées, sauterelles, cafards et d’autres encore.
TPST : 9 h. Première : 1269 m.

Mardi 29 juillet :
Départ à cinq comme la veille. À 8 heures tapantes, nous sommes à l’entrée NA26. Nous retournons au terminus de la veille. Nous quadrillons la zone en nous rabattant progressivement sur la gauche, ce qui amène de nouvelles jonctions avec des éléments plus anciens. Nous observons aussi un caméléon de près et un sifaka de loin dans un canyon. Nous butons pas mal sur des canyons résultant de l’effondrement d’anciennes galeries. Après avoir complété la zone, nous retournons voir quelques départs laissés à droite le matin. Ils semblent prometteurs mais vue l’heure tardive, nous les gardons sous le coude pour le lendemain. Nous terminons en retournant faire une visée de la veille pour laquelle la longueur manquait. Retour au camp. Les grenouilles ont tendance à envahir la zone. Ça change des sauterelles des jours précédents. Le coq ne chantera plus. Avant d’aller se coucher, Batry fait un feu à côté de sa moustiquaire (enfin, celle que je lui ai prêté) pour ne pas avoir froid. Il a tellement peur d’avoir froid qu’il met un arbre entier à brûler. Nous même, nous nous couchons avec les poules, à 20 h 30.
TPST : 9 h 30. Première : 1264 m.

Mercredi 30 juillet :
La nuit n’a pas été fraîche mais il y a pas mal de rosée. Le canard fête l’arrivée du jour de manière insistante. Batry et Justin partent aux aurores pour aller acheter du riz. Batry passe ses journées à manger et a fini tout le stock des malgaches. Il a dû aussi manger en douce une partie de notre poulet il y a quelques jours. À 8 heures, ils ne sont toujours pas revenus. Aussi, nous partons juste avec Tantely et Morila. Les chaussures de ce dernier n’étant pas sèches, il vient faire de la spéléo pieds nus aujourd’hui. Nous retournons dans les galeries entrevues la veille. La première est une magnifique conduite forcée de 12 mètres de large avec un surcreusement de 2 mètres de large, des pendeloques au plafond et des planchers stalagmitiques perchés de même. Nous continuons dans des zones plus ou moins sympathiques. La couche de calcaire commence à présenter une épaisseur sérieuse, dans les 20 à 30 mètres et des galeries bien développées mais qui ont hélas dans bien des cas, été rattrapées par l’érosion de surface. Nous mangeons dans la zone. Enfin, dans l’après-midi, nous trouvons un nouveau réseau intéressant avec de confortables surcreusements permettant une progression au sol. Nous bouclons la zone et retournons vers la sortie. Un serpent se ballade juste au pied du ressaut de sortie. Après quelques hésitations, nous passons à côté et ressortons après le coucher du soleil. Tournée générale de rhum brun. Nos coéquipiers manquent d’entraînement... Le canard non plus ne chantera plus. D’ailleurs, d’une manière générale, sur les vivres, nous sommes un peu tendus. Petit vent limite frais le soir.
TPST : 9 h 30. Première : 1759 m.
Total du réseau : 10255 m.

Il n’y a plus qu’à repartir. À suivre...

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