Chez Éric Sibert
+ Accueil > Plein air > VTT

Randonnée VTT en Corse

Une semaine de VTT en Corse au mois de juin 96. Récit écrit de mémoire 10 ans après.

Mis en ligne le 21/09/2006

Et juin 1996, avec Stéphane, nous effectuions notre service national en tant que scientifiques du contingent, dans des services bien différents. Nous logeons tous les deux dans la résidence universitaire de Cachan, devenue depuis célèbre pour son squat. Compte tenu de nos disponibilités, nous décidons de partir pour une semaine de VTT en Corse début juin. Nous avons pris des billets chez Corsair. À l’aller, nous devons arriver à Bastia et repartir une semaine plus tard d’Ajaccio. Entre les deux, nous avons prévu de camper en emportant tout le matériel sur les VTT à l’aide de sacoches et de porte-bagages. Notre parcours sera surtout routier.

1er jour :
Nous sommes convoqués à Orly à 4 h du matin. Stéphane a veillé jusqu’à tard dans la nuit pour corriger les copies de l’IUT où il fait des heures supplémentaires. Vu l’heure matinale de la convocation, il n’y a pas de transports en commun et nous avons commandé la veille un grand taxi pour nous transporter avec nos vélos. À l’heure dite, un taxi-break est effectivement là. Malheureusement, son coffre est encombré des caisses et nous rencontrons quelques difficultés à faire rentrer les vélos. Mais en forçant... Il y a aussi des tas de petites bêtes qui se baladent dans le taxi. Nous arrivons à Orly qui est bien calme à cette heure là. À l’enregistrement, le préposé fait une tête d’enterrement en nous voyons arriver avec nos vélos. Ensuite, nous attendons l’embarquement prévu à 6 h en regardant Orly s’éveiller. Vol sans problème. Il y a une escale à Bonifacio. La température au sol est de 18°C, dix de plus qu’à Paris. Nous arrivons à l’aéroport de Bastia vers 9 h. Il fait 28°C et nous sommes en pantalon. Un bus nous dépose en centre-ville. Comme nous n’avons pas envie de nous changer en pleine ville, nous commençons à pédaler en pantalon et ça tient chaud. Nous partons en direction du nord, vers le cap Corse, par la côte est. Après pas mal de kilomètres, nous finissons par trouver un bout de plage en contrebas de la route où nous pouvons nous reposer et nous changer. Nous reprenons la route en profitant de quelques nuages qui atténuent le soleil. À Santa Severa, nous bifurquons ensuite en direction de la montagne pour atteindre l’autre côte du cap Corse. À peine sommes nous engagés sur cette route qu’il n’y a plus le moindre nuage et nous sommes écrasés par le soleil. Au village de Piazza, nous faisons une pause au bar pour se réhydrater et attendre que le soleil se calme.

Village de Pino le soir

Nous repartons plus tard. La suite est moins pénible que prévue car la route qui monte en serpentant à flanc de montagne est à l’ombre des arbres. Nous arrivons au col de Santa Lucia (381 m) alors que le soleil se couche. Nous redescendons rapidement de l’autre côté. Nous nous installons vers la marina de Scalo, à proximité de la tour génoise. Nous bivouaquons sans monter la tente. Et sans matelas pour Stéphane qui a oublié le sien. Il y a quelques moustiques.

2ème jour :
Réveil de bon matin, à 6 h avec le soleil comme nous le ferons durant tout le périple. Nous commençons à remonter jusqu’à Pino puis nous partons vers le sud, en direction de Saint-Florent. Sur notre carte, la route longe la côte. Sur le terrain, ce n’est pas tout à fait le cas. Compte tenu de l’aspect montagneux de la Corse, le peu dont elle s’en éloigne forme tout de suite de bonnes montées sur la route.

Mon destrier sur la plage de Nonza
Tour génoise de Nonza

Nous faisons la pause repas un peu avant Nonza, sur la plage, vers l’ancienne carrière d’amiante. Ensuite, nous rejoignons Nonza où nous nous installons à l’ombre de la terrasse d’un café. Stéphane en profite pour avancer la correction de ses copies. Plus tard, nous reprenons la route qui n’est toujours pas plate. Du vent vient s’ajouter mais nous rejoignons quand même Saint-Florent. Nous sommes bien cuits malgré notre crème solaire indice 8. Nous précipitons pour aller acheter de l’indice 25. Nous nous installons au camping du coin avec la tente cette fois. Stéphane en a aussi profité pour s’acheter un matelas.

3ème jour :

Plage d’Ostriconi

Lever 6 h, départ 7 h. Nous attaquons la montée vers le désert des Agriates. À 8h, nous faisons une pause au troquet au bord de la route qui est en train d’ouvrir. Nous avons déjà fait un bon bout de la montée. Quand nous repartons, le chien de l’établissement insiste pour nous suivre. Dans la montée, nous sommes bien incapables de le distancer. Et les quelques descentes intermédiaires ne font que retarder le moment où il nous rattrape. Ce n’est qu’après plusieurs kilomètres, lorsque nous entamons vraiment la descente qu’il renonce à nous suivre. Nous sortons du désert des Agriates vers 10 h après un passage à 363 m. Nous rejoignons une route plus importante. Nous nous installons sur une plage peu après. Dans l’après-midi, nous repartons pour l’Ile Rousse. Nous prenons le train à travers la Balagne qui nous mène jusqu’à Calvi. Nous nous installons au camping.

4ème jour :
Dans la matinée, Stéphane finit de corriger ses copies et va faire un tour à la poste pour faxer les notes à l’IUT. À midi, nous allons faire un tour à la plage en face de la citadelle. Les lycéennes viennent aussi se faire bronzer entre midi et deux. Elles sont bien en avance sur la saison pour le bronzage. Dans l’après-midi, nous nous renseignons pour la suite et comment avancer sans tout faire à vélo. Nous prenons aussi un verre en ville.

5ème jour :

Entre Calvi et Porto

Nous prenons le bus pour rejoindre Porto. En chemin, nous recueillons des randonneuses qui étaient parties à l’aventure avec une carte Michelin. Elles se sont perdues et ont dormi dans le maquis sans équipement. Nous arrivons à Porto dans l’après-midi. Nous nous installons dans un des campings du village. Nous avons l’embarras du choix, le camping étant pratiquement vide, comme tous les autres. La fille à l’accueil nous dit que nous pouvons tout lui demander.

6ème jour :
Lever 6 h, départ 7 h. Nous démarrons la montée vers les Calanches de Piana. C’est une bonne montée, assez régulière, à part dans quelques virages. Un peu après 8 h, nous sommes à l’entrée des Calanches. Nous faisons l’ouverture de la buvette installée dans le virage au creux du ravin.

Route des Calanches
Lézard à la buvette des Calanches

Les cyclotouristes, qui eux ont des vélos de route et un véhicule d’assistance pour le transport des bagages, nous dépassent à ce moment là. Après une bonne pause, nous terminons l’ascension qui n’est plus guère longue, dans un paysage somptueux. Nous passons au village de Piana lui-même (491 m). Après la montée, la descente que nous avalons avec plaisir. Arrivés en bas, nous nous mettons à la recherche d’une plage. Nous commençons par trouver une petite route qui part dans la bonne direction. Malheureusement, la route est en travaux et la DDE locale n’a pas jugé utile de signaler le chantier alors nous roulons une longueur sur le goudron frais ou plutôt chaud et nous en mettons un peu sur tout l’équipement. Pour en rajouter ensuite, nous coupons à travers champ, toujours pour essayer de trouver une plage, ce qui fait que nous rajoutons de l’herbe sèche au goudron, le tout dans les pignons et les chaînes des vélos. Nous finissons par trouver une plage où nous faisons la pause de midi.

Moi-même sur la route

En début d’après-midi, nous reprenons la route. Nous passons dans Cargèse, endormi sur son éperon rocheux à cette heure là. Nous continuons jusqu’à Sagone. Nous nous installons dans le camping situé dans la vallée en amont du village. Une fois de plus, nous avons le choix sur l’emplacement pour la tente. Dans un champ voisin, les agriculteurs locaux font les foins et tractent leur charrette avec leur 4x4.

7ème jour :
Nous partons tranquillement de Sagone en longeant la côte vers le sud. Nous faisons une bonne pause à la plage de Stagnone. Au bar où nous prenons des consommations, ils nous facturent même l’eau du robinet quand nous demandons à remplir nos bouteilles d’eau. Après le repas, profitant de la fraîcheur apportée par quelques nuages, nous reprenons la route. Nous sommes d’abord sur la route d’Ajaccio puis nous la quittons pour rester au bord de la mer en prenant une piste qui longe la côte.

Stéphane en pleine chaleur

Ça sera la seule portion non goudronnée de notre voyage. À peine engagés sur ce chemin, les rares nuages disparaissent. C’est la fournaise. La météo annonçait 35°C et ça doit bien être le cas. Nous trouvons un peu d’ombre au creux du talus d’un virage. Nous nous y installons en attendant que la chaleur se calme. Une heure plus tard, la situation ne s’est pas vraiment améliorée mais nous repartons quand même. Après plusieurs kilomètres, la piste quitte la côte pour remonter vers l’intérieur des terres. Le goudron est aussi de retour. Nous commençons à manquer d’eau. Nous faisons une tentative de ravitaillement à la première maison rencontrée mais il n’y a qu’un jardinier venu arrosé les plantes. Il n’a pas accès à l’intérieur de la maison et à l’eau potable. Nous continuons la montée. À l’entrée de Pevani, nous trouvons un couple de retraités d’Ajaccio qui peuvent enfin nous ravitailler.

Bergerie de San Silvestro

Nous reprenons l’ascension. Nous avons l’intention de basculer sur la vallée voisine pour descendre par des chemins sur le golf de Lava. Nous faisons une première tentative par la bergerie de San Silvestro. La descente à travers champ n’a pas l’air facile. Nous rencontrons le berger, la bergère et leur nourrisson. Ils forment un charmant tableau tous les trois. Ils nous confirment que le champ est difficile à franchir. Nous allons jeter un coup d’œil au vallon en face. S’il n’y avait que le champ, ça irait encore mais là, il y a des chardons de deux mètres de haut, le genre, si on tombe dessus en VTT, on est défiguré à vie. Nous renonçons à descendre sur le golf de Lava et nous décidons d’aller directement à Ajaccio. Nous retournons sur la route et nous terminons la montée jusqu’au col de Bocca San Bastiano (411 m). Nous descendons rapidement sur Ajaccio, d’autant plus motivés que la nuit arrive. À l’entrée d’Ajaccio, nous nous mettons en quête d’un camping. Nous rentrons dans un bistrot où tout le monde nous regarde. Ah non, c’est le match de foot sur la télé à côté de l’entrée qu’ils regardent. On nous indique l’unique camping de la ville, quelques ronds-points plus loin. Nous le trouvons sans difficultés. Il y a plus de monde que dans les campings précédents. Nous nous installons à proximité d’un allemand qui est en train de voir son équipe nationale se faire battre au foot.

8ème jour :
Nous traînons un peu dans Ajaccio le matin. Nous allons ensuite attendre l’heure d’enregistrement sur la plage du Ricanto à l’est de la ville. Enfin, nous allons à l’aéroport qui est un peu plus loin. Vol retour sans problème. À Orly, nous prenons l’Orlyval jusqu’à Antony. De là, nous rejoignons Cachan sur les vélos. C’est alors que Stéphane crève, ce qui ne s’était pas produit de tout le voyage.

Bilan :
La Corse, c’est montagneux même quand on reste sur la route qui longe la côte. Ce n’était pas nécessairement prévisible sur la carte au 1/100.000ème dont nous disposions. Nous avons parcouru 250 km sur les vélos. À l’époque, je me suis moi-même surpris à monter si facilement les côtes que nous avons rencontrées. Ceci était de bonne augure pour le voyage au Chili que j’avais déjà en tête à l’époque. L’autre fait marquant de cette randonnée a été le soleil et la chaleur. Nous ne nous attendions pas à avoir 35°C à l’ombre début juin. Nous en avons un peu souffert même si ça ne nous a pas empêché de faire les étapes prévues. Enfin, ça a été une grande découverte de la Corse qui mérite bien son nom d’île de Beauté. Si je n’y suis pas retourné, Stéphane est par contre aller faire plusieurs fois de la randonnée à pied dont la traversée par le GR 20.

Copyright : droit d'auteur Éric Sibert. Site réalisé avec SPIP.