Retour des Tsingy de Namoroka par l’itinéraire classique
Samedi 8 août :
C’est la fin. Nous plions le camp et partons à pied vers 8 heures. Il y a un bon vent, ce qui nous évite d’avoir trop chaud. À passer nos journées sous terre, nous en avions oublié l’intensité du soleil. En 2 h 30, nous sommes à Vilanandro. Nous retrouvons tout le monde, Tantely, Charles, le seul agent du parc à ne pas avoir été avec nous sur le terrain et enfin Haja. Nous faisons une restitution avec cette dernière. Elle nous offre le verre de l’amitié, en l’espèce du lait accompagné de pâte de banane. Nous allons boire de la bière pas fraîche avec l’équipe que nous payons au passage.
Ensuite, Tantely nous invite à manger des spaghettis. Nous vendons les bidons d’eau et offrons le reste du matériel dont nous n’avons plus l’utilité. Pour le retour, nous avons décidé de passer par Soalala. Tantely nous a déjà réservé une charrette. Elle arrive en début d’après-midi. C’est le bon vieux modèle à roues métalliques sans suspensions avec en plus ici l’option Lamborghini, les axes étant tellement usés que les roues se mettent de travers. Nous chargeons et partons vers 15 h 30. Il n’y a pas de paille au fond de la charrette. Au début, dans le sable sur la piste principale, ça va encore mais au bout d’un moment, nous nous engageons sur une piste très secondaire et là, ça devient beaucoup plus dur.
Nous dépassons un camion qui est en panne depuis plusieurs jours. Ils ont eu le temps d’amener un groupe électrogène et un poste à souder pour le réparer sur place. Au coucher du soleil, nous faisons une pause ravitaillement. Le fond de la charrette est chargé en paille, ce qui améliorera bien le confort pour la suite. Le charretier prend aussi son repas auprès de la famille vivant dans les deux cases du coin. Pendant ce temps là, nous attendons en nous faisons dévorer par les moustiques. Nous repartons à la nuit noire avec une passagère supplémentaire. Nous rejoignons rapidement la piste principale. C’est alors que la lune se lève et nous éclaire tel un projecteur.
Dimanche 9 août :
Après la plaine, nous attaquons la chaîne de colline qui me semble plus longue que la fois précédente. Passe-t-on par le même chemin ? Difficile à savoir car nous voyageons toujours de nuit et à ce stade du voyage, il n’y a plus assez de piles dans le GPS pour enregistrer en continu. Après les collines, le secteur inondé mais qui cette année semble plus court puis une zone vallonnée. Par moment, le chauffeur s’endort et les zébus avancent en automatique mais avec une vitesse tendant vers zéro dans les côtes. C’est alors que le jour se lève. Je décide de continuer à pied devant la charrette. Enfin, un relais téléphonique apparaît au loin sur une colline, signalant l’arrivée à Soalala. Les premiers rayons du soleil nous atteignent alors que nous traversons la zone d’aquaculture. À 7 heures, nous sommes rendus sur la jetée au bord du fleuve. Celle-ci est rompue en son milieu, ce qui empêche les véhicules d’aller jusqu’au bout vers le bac et coupe l’accès à Namoroka en 4x4 par ce côté là. Accessoirement, ça oblige les pirogues à balancier à manœuvrer à travers la mangrove. Nous en trouvons assez rapidement une pour nous faire traverser avec nos bagages. À l’ANGAP, Jean-Claude, le directeur, nous reçoit pour une brève restitution. Ensuite, il part à la course au véhicule pour nous ramener à Katsepy. Malheureusement, tous les taxis-brousse sont partis de bon matin. En attendant que la situation s’améliore, nous allons prendre un petit-déjeuner. Nous faisons connaissance avec le boiteux réparateur de téléphone portable. Il est venu s’installer dans la ville pour profiter de ce marché lucratif où il est pour le moment en situation de monopole. Il nous propose de faire une petite balade autour de la ville. Nous montons aux relais téléphoniques au-dessus de la ville. Ensuite, nous allons voir la centrale électrique de la Jirama et ces deux groupes de 50 kW chacun. Enfin, de retour en ville, nous découvrons qu’il y a un taxi-brousse en attente sur le port. Nous mettons un moment à trouver le chauffeur. Il reste de la place. Il doit partir d’ici une heure, le temps de faire les papiers pour les deux macchabées que nous transportons sur le toit. Nous attendons dans un bar. Quand le chauffeur arrive, nous montons dans le véhicule alors que ce dernier, déjà bourré, se prend une dernière bière (66 cl) au bar. Avec Nicolas, nous partageons une banquette latérale à l’arrière du véhicule, ce qui amplifie bien les chaos de la piste. En face de nous, il y a un adulte, un adolescent, deux gamines et une poule (l’animal, pas la fille...). Et entre tout ça, il y a un gros sac de riz qui nous interdit d’étendre les jambes mais en plus glisse et nous écrase les pieds quand le véhicule penche.
À 13 h 30, nous partons. À peine sortis de la ville, le chauffeur arrête le véhicule en plein soleil pour aller discuter avec une personne qui habite là. Il lui réclame de l’argent mais l’autre ne veut pas et convaincre un gars bourré est difficile. Nous repartons après une demi-heure. Puis nous calons. Ils remettent de l’eau dans le circuit de refroidissement et ça repart. Ensuite, la piste secoue toujours bien avec de la caillasse. À 20 km du départ, nouvel arrêt mais à l’ombre cette fois. Le chauffeur ne coupe pas le contact, le temps de larguer les deux gamines et de boire un coup. C’est alors que des passagers se rendent compte que l’axe de transmission au pont arrière traîne par terre et que la suspension avant gauche a sauté, entraînant un décalage de la roue. Ils le signalent au chauffeur qui n’avait rien remarqué. Celui-ci coupe alors le contact et entame une réparation de fortune. Il ramène la roue avant en position à l’aide d’une chaîne et d’un tendeur qu’il laisse en place pour la suite. Nous repartons mais après 2,5 km, ça saute de nouveau. Providentiellement, un autre taxi-brousse arrive en face. Comme ils ne peuvent passer que si nous dégageons la piste, ils aident à la réparation. Une demi-heure de plus et ça repart. Ça tiendra jusqu’à la fin bien qu’on ne puisse pas dire que le conducteur ménage sa monture. À Mitsinjo, nous effectuons la traditionnelle pause repas. Quand nous repartons, alors que nous ne sommes pas encore sortis de la ville, c’est la panne d’essence. En fait non, il y a erreur de diagnostic. En accélérant trop violemment, il a désamorcé la pompe à gasoil. Il faut maintenant la réamorcer. Le seul moyen est de pousser le véhicule. Nous le secouons un peu dans tous les sens dans une rue sableuse et en pente pour faciliter la tache. Nouveau départ. À 22 h 30, alors que nous sommes à moins de 30 km de l’arrivée, le chauffeur décide de s’offrir un petit somme. Il plante le véhicule au milieu d’un village et va s’allonger dans un coin. Nicolas reste à dormir sur le sac de riz à l’arrière alors que je cherche un endroit. Je finis par trouver un bout de natte sur un terrain inégal. En plus il y a des moustiques et il fait froid.
Lundi 10 août :
Vers 2 h 30 du matin, le chauffeur considère qu’il a assez dormi. J’ai rayé mes lunettes de vue en dormant dessus. Nous repartons et sommes à 4 heures à Katsepy. Nous nous installons sous une devanture du marché pour dormir. À 6 heures, les chèvres viennent nous réveiller. De toute façon, le jour se lève et l’activité redémarre. Nous laissons filer la première barque et préférons attendre le bac pour traverser. Quand il arrive, les pandores essaient d’organiser le débarquement. Ils interdisent de monter pendant que les passagers venant de Mahajanga descendent. Il y a une première alerte quand ils autorisent les dockers à monter décharger la marchandise. Enfin, c’est la charge du troupeau de zébu et là, les forces de l’ordre sont submergées. Traversée sans problème. Nous nous installons à l’hôtel. Repos, douche, pressing, repas. Ça fait du bien.
Mardi 11 août :
Mon PDA qui contenait le journal de voyage et la comptabilité tombe en panne. Nous réservons le taxi-brousse pour le lendemain matin. À midi, nous testons le restaurant La Flibuste. En fin d’après-midi, après la sieste, alors que je fais la queue devant le distributeur de billets, je suis pris de violentes douleurs au ventre avec des retours du poisson de midi. Je manque de perdre connaissance. Je dois m’asseoir par terre le temps que ça se calme. Ensuite, j’ai une grosse suée et des fourmis dans les bras. J’arrive quand même à faire mon retrait. Je rentre à l’hôtel en pousse-pousse où la dysenterie se manifeste. Quand ça va un peu mieux, je me rends compte que j’ai perdu mon téléphone portable.
Mercredi 12 août :
La nuit n’a pas été terrible et en plus, il doit y avoir un trou dans les moustiquaires car j’ai été bouffé par les moustiques. Pour le taxi-brousse, ça commence mal. La compagnie auprès de laquelle nous avons réservé ne fait pas de départ ce matin. Ils nous rebasculent sur un concurrent sauf que nous n’avons plus nos places réservées sur la banquette derrière le chauffeur. Départ à 8 h 30. Le chauffeur a une conduite irrégulière avec des moments où il se traîne et d’autres où il roule et dépasse comme un taré. Il nous fait la pause repas à Ambondromamy, fort tôt, à 11 h. À Maevatanana, nous échangeons quelques passagers. Plus loin sur la route, nous récupérons une boîte à vitesse de fourgonnette et son propriétaire qui l’a cassé. Suite sans histoire. Arrivée à Tana dans les embouteillages à 19 h 30. Direction le Relais des Pistards.