Mardi 5 août (suite) :
A 15h, direction la station de taxi-brousse pour Fort-Dauphin.
J’amène mes bagages qui sont chargées rapidement. Ensuite attente. Je fais connaissance avec Johny de Beloka qui m’annonce que mon taxi-brousse (un camion Mercedes 1013 !) est un express qui doit rallier Fort-Dauphin en 24h. Je suis un peu sceptique mais il m’annonce des horaires de passages correspondants. Vers 18h30, on monte dans le camion. J’ai la place de droite sur la deuxième banquette. La place n’est pas mal avec une banquette et un dossier en bon état, à l’opposé du pot d’échappement qu’on ne sent qu’aux stationnements. Comme c’est au hublot, on peut voir le paysage, au moins quand il y a du soleil. Seule ombre au tableau, le voisin qui est un boulet. Il tient absolument à conserver son sac, dont la somme des trois dimensions excède les 100 cm, sur ses genoux et vu comme on est serré, sur les miens aussi. C’est d’autant plus regrettable qu’il y a de la place sous la banquette. De plus, à force de traîner, son sac n’est plus très propre et mon jean de même. A chaque pause, il chipote pendant un quart d’heure avec les vendeurs ambulants, penché par dessus bord, étalé sur moi. Pendant ce temps là, tout le reste du taxi-brousse a déjà acheté son poulet et son manioc et est en train de manger. Pour couronner le tout, c’est le seul à fumer à l’intérieur du taxi-brousse malgré les remarques de certains malgaches. A 19h, après un démarrage manuel et 185 l de gasoil, nous voici partis. Ça roule bien sur la RN7, beaucoup moins sur la RN10, faute de revêtement.
Mercredi 6 août :
Après des heures de secouage et quelques villages endormis, le jour se lève sur un plateau brumeux. Pause essence à Ejeda. La piste est d’assez bonne qualité autour d’Ejeda avec pas mal de chantiers de construction de radier et une piste refaite au scraper récemment. Je commence à espérer sur les horaires de Johny. Hélas, après la pause repas à Ampahany, l’illusion s’évanouie. La piste n’est plus très bonne. Le problème n’est d’ailleurs pas tant la piste que les véhicules qui roulent dessus. Quand on a un camion surchargé à sept par banquette plus les sacs de riz sur lequel les lattes manquantes de suspensions sont remplacées par des morceaux de bois, la moindre irrégularité de la piste oblige le camion à passer au pas d’où des moyennes sous les 10 km/h. Dans l’après-midi, le soleil est de retour avec des cactus(?) à perte de vue. Une nouvelle nuit s’annonce. A Behola, on largue un peu de monde. Ça roule plus vite, sans doute parce qu’on est moins chargés mais on est aussi beaucoup plus secoué. Ça devient l’horreur.
Jeudi 7 août :
A 3h du matin, on arrive à Ambovobombe. Transbordement du camion vers une 404 bâchée pour le morceau de route goudronnée qui reste. Ca ne fait toutefois pas des moyennes folles avec 6h pour 110 km. La végétation est changeante. Après les cactus d’Andohalela, on arrive dans une zone verdoyante avec le retour de la riziculture. Le ciel se fait plus chargé avec du vent et finalement une petite pluie quand je débarque à Fort-Dauphin sur le coup des 9h du matin. Total 38h pour 492 km. Ou encore 31h pour 312 km de piste, soit une moyenne de 10 km/h. Pas mal pour une route nationale. Je suis mort de fatigue, sale avec mal un peu partout. Je vais à l’hôtel où je prends une douche chaude .... ahhhh. Sieste. Dans l’après-midi, je fais un tour dans la ville qui est très calme. Ciel toujours bouché avec du vent et des passages de pluie. Au loin, les nuages bas rappellent les Alpes un mauvais jour d’été. Couché tôt le soir.
Vendredi 8 août :
Météo toujours médiocre.
Je commence par aller faire un tour à la Bank Of Afrika (BOA) pour faire une demande de retrait d’argent. La réponse doit parvenir pour l’après-midi. Je profite du temps libre pour visiter la ville. Celle-ci est en fait constituée de deux parties. La première regroupe le centre administratif et les banques avec des bâtiments d’époque coloniale visiblement non entretenus depuis. Le second coeur de la ville se développe autour du stationnement de taxi-brousse et du marché. C’est là que je vais faire quelques courses de vêtements. Repas chez Georges. D’une manière générale, on mange bien pour pas très cher à Fort-Dauphin. A 14h, retour à la BOA, demande refusée !!! Pas d’explication. Aaaarggglll... Je vais dans une station internet vérifier que mon compte est bien approvisionné. En regardant ma carte, je réalise que l’employé s’est trompé sur la date limite de validité. Nouvelle demande mais comme il se fait tard, je n’aurait la réponse que lundi matin. Le soir, après un crabe farci chez Perline, soirée au bar-disco le Las Vegas. Au moment de rentrer, pas de taxi. Il n’y a plus qu’à traverser la ville sous la pluie et dans le vent. Le début de crève se porte de mieux en mieux.
Samedi 9 août :
J’ai pris l’excursion en pirogue sur les lacs. Dommage que la météo soit toujours mauvaise. La pirogue fuit. Départ sur le lac Lavirano puis on pénètre sur le canal naturel au milieu de la végétation. Un jour, il faudra que je visite le marais poitevin. Assez rapidement, la pluie est de la partie avec du grain par intermittence. Faute de coupe-vent, je m’enroule dans ma couverture de survie. Ensuite, on traverse les lacs d’Ambavarano avec des vagues en raison du vent. Après trois heures d’effort (pour les rameurs), nous voici à Evatra. Petit tour à pied sur la baie de Lokaro. Il y a des criques sensées être magnifiques pour se baigner mais vu les vagues et la température, je n’ai pas essayé. De retour à Evatra, il n’y a pas de poisson à manger. Je n’ai pas compris si c’était parce qu’il y avait un mort dans le village ou parce que la mer était mauvaise mais je pencherais plutôt pour la seconde hypothèse. A défaut, pâtes au riz. Bananes en dessert. J’en donne deux à deux gamins du village. Ça a l’air d’être quelque chose d’exceptionnel pour eux alors qu’on est en zone de production. Retour en pirogue avec le vent favorable. Les guident hissent la grand-voile. Encore un peu de pluie au retour. La crève se porte à merveille. Repas à l’Annexe Mahavoky. La salle est un peu en courant d’air. Il me faut une heure pour obtenir mon steak sauce robert, fort bon au demeurant. Le soir, Efferalgan avant de dormir.
Dimanche 10 août :
Vu l’état de ma gorge, je passe aux antibiotiques de bon matin. La météo est meilleure avec un ciel dégagé. Il y a toujours du vent et ça reste bouché sur Lokaro. Je décide d’aller faire un tour au pic Saint Louis. Je parts à pied sur la RN12a. Il y a un gars qui me colle aux basques. C’est d’ailleurs assez général à Fort Dauphin entre les vendeurs ambulants, les guides et les enfants qui demandent de l’argent. En hésitant sur le chemin, je finis par le décrocher. Je trouve le départ du sentier. Il est bien aménagé avec des flèches rouges que je ne tarde pas à perdre avant de les retrouver plus haut dans la montagne. Il me faut 1h15 pour atteindre le sommet, pause et bronchite comprises. C’est très venté mais j’échappe à peu près à la pluie. J’arrive même à faire quelques photos de Fort-Dauphin avec du soleil. Redescente en 50 minutes en suivant les flèches tout le temps cette fois. Le chemin est difficile à cause de l’humidité sur la roche et la terre. 15 km et 500 m de dénivelé plus loin, me voici de retour à l’hôtel.
Lundi 11 août :
Visite de la BOA. Ma demande de retrait est acceptée. Par contre, c’est maintenant trop tard pour réserver une place dans le vol du lendemain. Il ne restera plus qu’à tenter la liste d’attente de bon matin à l’aéroport. Après un repas au Récréart, je décide d’aller voir la réserve de Nahampoana. Les taxis sont assez réticents pour m’y emmener. J’en trouve un pour 50.000 FMG. A posteriori, vu l’état des 7 km de la RN12a, je comprends leurs hésitations. Sur place, c’est sympa et il y a surtout des lémuriens pas très sauvages quand on leur donne des bananes. Retour à pied. Sur la fin, un collecteur de langouste me ramène en centre-ville pour 10.000 FMG.
Mardi 12 août :
Réveil de bon matin, direction l’aéroport où j’arrive à 8h. La femme de ménage m’ouvre les bâtiments pour que je puisse attendre à l’intérieur. Un peu plus tard, les responsables de l’aéroport arrivent. Encore plus tard, j’achète mon billet et on me donne une carte d’embarquement sans se soucier d’une éventuelle liste d’attente. Effectivement, à l’heure dite, et même légèrement en avance, nous ne sommes que six à prendre place dans le Twin.
La suite sur la côte Est.